Je ne peux m'empêcher de penser non sans quelque fierté que si notre peuple a souffert de nombreuses privations, il en est sorti fort, endurci, dégourdi.
A cet effet, je souris toujours quand, dans une pharmacie de France, j'entends quelqu'un demander :
- Auriez-vous un remède pour apaiser les piqûres de moustiques ?"
Oui, je souris parce que je me rappelle mon père, au beau milieu du Sahara, du côté d'Adrar, qui n'avait rien trouvé de mieux pour se reposer des kilomètres et des kilomètres qu'il venait d'avaler au volant de sa vieille voiture, que de s'allonger à l'ombre d'un arbrisseau. Un scorpion en mal d'amour vint à passer par là et le piqua.
Mon père eut juste le temps de faire une entaille dans son pantalon à l'aide d'un canif à demi rouillé qui l'accompagnait toujours et il s'ouvrit la peau sous le genou.
- Pompe, pompe vite !" hurla-t-il à ma mère qui s'empressa d'aspirer le venin et de le recracher.
Non, non, chez nous en Algérie on n'a rien pour les scorpions et encore moins pour les moustiques.
En France, les pharmacies vendent également toutes sortes de produits contre les poux, et même, comble du chic, parfumés.
Je me souviens quand j'attrapais des poux à l'école, ma terrible grand-mère, la vieille Bakhta, disait toujours à ma mère :
- Diri l'ha l'Flit ou t'choufi lègmal ki i j'rou ! " (Fiche-lui du Fly Tox et tu verras comment les poux vont déguerpir)
Ma mère me pulvérisait alors sur la tête, à l'aide du fameux engin en fer à pompe qu'on connaît tous, un produit sensé anéantir les cafards et autres blattes. Après quoi elle me couvrait la tête d'un foulard. Mon cuir chevelu me brulait littéralement. J'implorais ma mère du regard en pure perte, sachant que rien ne l'infléchirait.
- Soukti ou bèl3i foummèk !" (ferme-la) me lançait-elle.
Toutefois le lendemain, le résultat était là : des cadavres et des cadavres de poux dans mon foulard.
Oui, tout cela nous a bien endurcis tous autant que nous sommes et aujourd'hui j'en suis si fière. Fière d'être une dure à cuire, fière de ne craindre plus rien, même la mort.
Ainsi en va-t-il de notre peuple. Mais s'il est vrai qu'il n'a que trop souffert, il est plus que temps aujourd'hui de mettre une fin à tout ça...
A cet effet, je souris toujours quand, dans une pharmacie de France, j'entends quelqu'un demander :
- Auriez-vous un remède pour apaiser les piqûres de moustiques ?"
Oui, je souris parce que je me rappelle mon père, au beau milieu du Sahara, du côté d'Adrar, qui n'avait rien trouvé de mieux pour se reposer des kilomètres et des kilomètres qu'il venait d'avaler au volant de sa vieille voiture, que de s'allonger à l'ombre d'un arbrisseau. Un scorpion en mal d'amour vint à passer par là et le piqua.
Mon père eut juste le temps de faire une entaille dans son pantalon à l'aide d'un canif à demi rouillé qui l'accompagnait toujours et il s'ouvrit la peau sous le genou.
- Pompe, pompe vite !" hurla-t-il à ma mère qui s'empressa d'aspirer le venin et de le recracher.
Non, non, chez nous en Algérie on n'a rien pour les scorpions et encore moins pour les moustiques.
En France, les pharmacies vendent également toutes sortes de produits contre les poux, et même, comble du chic, parfumés.
Je me souviens quand j'attrapais des poux à l'école, ma terrible grand-mère, la vieille Bakhta, disait toujours à ma mère :
- Diri l'ha l'Flit ou t'choufi lègmal ki i j'rou ! " (Fiche-lui du Fly Tox et tu verras comment les poux vont déguerpir)
Ma mère me pulvérisait alors sur la tête, à l'aide du fameux engin en fer à pompe qu'on connaît tous, un produit sensé anéantir les cafards et autres blattes. Après quoi elle me couvrait la tête d'un foulard. Mon cuir chevelu me brulait littéralement. J'implorais ma mère du regard en pure perte, sachant que rien ne l'infléchirait.
- Soukti ou bèl3i foummèk !" (ferme-la) me lançait-elle.
Toutefois le lendemain, le résultat était là : des cadavres et des cadavres de poux dans mon foulard.
Oui, tout cela nous a bien endurcis tous autant que nous sommes et aujourd'hui j'en suis si fière. Fière d'être une dure à cuire, fière de ne craindre plus rien, même la mort.
Ainsi en va-t-il de notre peuple. Mais s'il est vrai qu'il n'a que trop souffert, il est plus que temps aujourd'hui de mettre une fin à tout ça...