L'Algérien, le pauvre, s'il n'a pas beaucoup de points positifs à son actif (et comment en serait-il autrement quand les hautes instances de notre pays s'évertuent à ce qu'il n'en ait pas) excelle toutefois dans l'art de la critique. Car pour critiquer il n'a pas sa pareille et tient à mon avis la plus haute marche du podium.
Ainsi le moindre petit défaut est sujet à moqueries, à surnoms imagés. Un voisin antipathique qui a le malheur de porter moustaches deviendra "bou chlèghème" à perpétuité. Un autre qui ne nous a pas salué comme il se devait, se verra affublé d'un "bou chnèfa" s'il a le malheur d'avoir une bouche épaisse. Celui-là a des oreilles un peu grandes et allons-y pour un "woudnine ètbague". Celui-ci qui est un peu ventru sera "bou kèrch" ou "bou krich" selon la région.
Mon père qui n'aimait guère la femme de mon frère lui trouva le doux surnom de "kèr3ine er-rtila" (pattes d'araignées) car elle était maigre de ce côté-là. Je vous fais grâce des "bou 3mèma", "bou lèhya", "boubagra", "fartass", "borass", "morass" et autres merveilles !
Et quand quelqu'un est frappé par la maladie ou un handicap sévère, croiriez-vous que l'Algérien serait plus clément ? C'est mal le connaître. Un pauvre homme qui a la polio deviendra "lèkja3". Et combien la liste est longue qui pourrait relier Oran à Adrar.
Je vais vous raconter une histoire réelle. Quand nous étions enfants, nous avions un petit voisin qui avait toujours le nez sale. Nous l'appelâmes aussitôt "bou khnouna". Eh bien je vous assure que quand il se maria, quand il gagna durement sa vie pour nourrir sa femme et ses enfants, croyez-vous que nous l'appelâmes autrement ? Ce fut toujours "bou khnouna" le bien nommé !
Comme j'aime notre peuple ! Un peuple indiscipliné, certes, mais si vivant, si gentil au fond.
Ainsi le moindre petit défaut est sujet à moqueries, à surnoms imagés. Un voisin antipathique qui a le malheur de porter moustaches deviendra "bou chlèghème" à perpétuité. Un autre qui ne nous a pas salué comme il se devait, se verra affublé d'un "bou chnèfa" s'il a le malheur d'avoir une bouche épaisse. Celui-là a des oreilles un peu grandes et allons-y pour un "woudnine ètbague". Celui-ci qui est un peu ventru sera "bou kèrch" ou "bou krich" selon la région.
Mon père qui n'aimait guère la femme de mon frère lui trouva le doux surnom de "kèr3ine er-rtila" (pattes d'araignées) car elle était maigre de ce côté-là. Je vous fais grâce des "bou 3mèma", "bou lèhya", "boubagra", "fartass", "borass", "morass" et autres merveilles !
Et quand quelqu'un est frappé par la maladie ou un handicap sévère, croiriez-vous que l'Algérien serait plus clément ? C'est mal le connaître. Un pauvre homme qui a la polio deviendra "lèkja3". Et combien la liste est longue qui pourrait relier Oran à Adrar.
Je vais vous raconter une histoire réelle. Quand nous étions enfants, nous avions un petit voisin qui avait toujours le nez sale. Nous l'appelâmes aussitôt "bou khnouna". Eh bien je vous assure que quand il se maria, quand il gagna durement sa vie pour nourrir sa femme et ses enfants, croyez-vous que nous l'appelâmes autrement ? Ce fut toujours "bou khnouna" le bien nommé !
Comme j'aime notre peuple ! Un peuple indiscipliné, certes, mais si vivant, si gentil au fond.